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Départ en retraite du médecin libéral : tout ce que vous devez savoir !

10 mars, 2025
retraite médecin

Tout au long de sa carrière professionnelle, le médecin libéral prépare déjà sa retraite. De l’optimisation de ses cotisations dues à la constitution d’un patrimoine immobilier par exemple, les solutions ne manquent pas pour anticiper au mieux cette étape décisive. En revanche, quand le temps est venu, le médecin doit satisfaire à plusieurs exigences pour pouvoir prendre sa retraite. Entre le nombre de trimestres cotisés et donc les années d’activité, l’âge légal de départ à la retraite, l’âge pour un départ à taux plein, la possibilité de cumuler retraite et activité professionnelle, le montant en euros de votre pension de retraite, …, cela peut se révéler complexe et chronophage.  Comptasanté répond donc à toutes les questions, qui peuvent se poser.

La CARMF : une caisse de retraite pour tous les médecins généralistes ou spécialistes

En tant que profession libérale, vous êtes, que vous soyez médecin généraliste ou spécialiste, affilié à la Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France (CARMF). Il s’agit en réalité d’une des 10 sections de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions libérales (CNAVPL). A ce titre, la CARMF gère donc, pour le compte de la CNAVPL, la retraite de base, les régimes complémentaires de retraite et invalidité-décès, mais aussi les prestations complémentaires vieillesse.

C’est donc auprès de la CARMF, que vous réglez, tout au long de votre exercice professionnel les cotisations dues, et que vous vous adressez pour préparer votre départ en retraite. Si le site officiel de cette caisse de retraite fourmille d’informations utiles, l’organisme a également un site dédié pour retrouver votre relevé de carrière, demander votre retraite et/ou effectuer des estimations du niveau de votre retraite selon votre âge et votre durée de cotisations : eCARMF

Quelles cotisations sont dues au cours de votre exercice professionnel ?

Les cotisations dues par tout médecin au cours de sa vie professionnelle servent à alimenter trois régimes distincts :

  1. La retraite de base, telle que définie par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions libérales,
  2. La retraite complémentaire, résultant du RCV (Régime complémentaire Vieillesse),
  3. Les allocations Supplémentaires Vieillesse (ASV), qui ne concernent que les médecins conventionnés.

Si les règles pour le calcul des cotisations peuvent apparaître complexes (des tableaux explicatifs ont été mis en ligne sur le site de la CARMF), les médecins doivent cependant garder en mémoire deux impératifs, applicables à toutes et tous :

  • Les appels de cotisation sont envoyés en janvier (l’acompte) et entre mai et juillet de chaque année pour le solde (ces cotisations doivent ensuite être réglées dans les 30 jours),
  • La déclaration des revenus et le paiement des cotisations doivent obligatoirement être effectués par voie dématérialisée (article L 613-2 du code de la Sécurité Sociale) sous peine de majorations.

A quel âge prendre sa retraite quand on est médecin ?

L’âge de départ à la retraite est défini de manière identique pour toutes les professions libérales en ce qui concerne la retraite de base, à l’inverse de la retraite complémentaire et des allocations supplémentaires vieillesse. Ces deux derniers régimes (complémentaire et ASV) n’impliquent pas la prise en compte d’une durée (nombre de trimestres) et peuvent être demandés dès l’âge de la « retraite au plus tôt »(voir tableau ci-dessous).

Cet âge de départ est défini en fonction de l’âge du médecin d’une part et du nombre de trimestres cotisés d’au plus tard. La réforme des retraites (15 avril 2023) a fait évoluer les règles désormais définies comme suit :

Règles du départ à la retraite applicables pour les médecins libéraux

Date de naissanceNombre de trimestre requis pour taux pleinÂge de départ pour taux pleinÂge de retraite au plus tôt
Avant 194916065 ans60 ans
194916165 ans60 ans
195016265 ans60 ans
01/01/1951-30/06/195116365 ans
60 ans
01/07/1951-31/12/195116365 ans et 4 mois
60 ans et 4 mois
195216465 ans et 9 mois60 ans et 9 mois
195316566 ans et 2 mois61 ans et 2 mois
195416566 ans et 7 mois61 ans et 7 mois
1955 à 195716667 ans62 ans
1958 à 196016767 ans62 ans
01/01/1961-31/08/196116867 ans62 ans
01/09-1961-31/12/196116967 ans62 ans et 3 mois
196216967 ans62 ans et 6 mois
196317067 ans62 ans et 9 mois
196417167 ans63 ans
196517267 ans63 ans et 3 mois
196617267 ans63 ans et 6 mois
196717267 ans63 ans et 9 mois
A partir de 196817267 ans64 ans

Le nombre de trimestres cotisés détermine donc la durée d’assurance vieillesse des médecins. Cette durée tient compte des :

  • Cotisations CARMF,
  • Périodes d’exonération pour maladie, maternité, création de certaines entreprises, et impécuniosité.
  • Périodes de bénéfice de la rente d’invalidité, les périodes de maternité et/ou d’éducation, les périodes du service national obligatoire,
  • Rachats éventuels,
  • Enfants sous certaines conditions.

Pour partir en retraite au taux plein, vous devez donc faire votre demande :

  • A partir de l’âge de départ pour taux plein défini en fonction de votre année de naissance,
  • A partir de l’âge de retraite au plus tôt dès lors que vous disposez du nombre de trimestres exigés,
  • A partir de 62 ans, si vous êtes reconnu médecin en inaptitude

Décote : les règles applicables

Les droits nécessaires ne sont pas toujours atteints, ou peuvent parfois être dépassés. Cependant, la décote et la surcote permettent de répondre aux attentes des médecins concernés.

Vous pouvez également prendre votre retraite avant l’âge légal, même si vous n’avez pas le nombre de trimestres exigé. Votre retraite de base sera alors minorée de 1.25 % par trimestre manquant (dans la limite de 20 trimestres). A l’inverse, vous pourrez également demander votre retraite en ayant cotisé davantage de trimestres, que ce qui est requis par la loi. Dans ce cas-là, la retraite de base sera majorée de 0.75 % par trimestre (avant 1er septembre 2023) et de 1.25 % à partir de cette même date.

Quel niveau de retraite pour les médecins libéraux ?

Chacune et chacun peut estimer le montant de sa retraite en fonction de son âge, de son historique professionnel et de ses aspirations. Chaque situation est unique. Cependant, la CARMF publie régulièrement des études sur le sujet. Les dernières publiées concernent l’année 2023.

A cette date, l’âge moyen de départ à la retraite s’établissait à 66,34 ans, avec une légère différence entre les hommes (66,63 ans) et les femmes (65,72 ans). Pour cette même année 2023, la retraite annuelle moyenne d’un médecin s’élevait à 33.237 € avant prélèvements sociaux (CSG, RDS, CASA et impôts). La majeure partie de cette retraite provenait alors de la retraite complémentaire (44 %), devant les allocations Supplémentaires Vieillesse (34 %) et la retraite de base (22 %).

Le cumul emploi-retraite et « retraite en temps choisi » , pour satisfaire à l’intérêt général et bénéficier d’un revenu supplémentaire

Pour les médecins, partir en retraite peut se révéler être une période difficile à gérer. Rompre avec sa patientèle et rompre avec l’exercice de la médecine peut représenter un obstacle à surmonter. D’un autre côté, les problématiques de désertification médicale impliquent la mobilisation de tous les professionnels, y compris les médecins en retraire.

Conscient de cette réalité, le gouvernement a adopté une exonération de cotisations d’assurance vieillesse les médecins retraités, qui continuent à exercer. Deux grandes voies sont envisageables pour ce cumul emploi – retraite :

  1. Le cumul intégral

Cela offre la possibilité aux médecins retraités d’exercer une activité (libérale ou salariée) sans limitation de revenus en respectant 3 conditions :

  • Bénéficier d’une pension de retraite de base à taux plein,
  • Avoir atteint l’âge légal de départ à la retraite (âge de retraite au plus tôt dans le tableau ci-dessus) et attester du nombre suffisant de trimestres,
  • Avoir obtenu toutes les pensions de retraite tant en France qu’à l’étranger.

Par définition, les médecins, ayant bénéficié d’une retraite anticipée pour handicap, en qualité d’ancien combattant, pour carrière longue, …, ne peuvent pas prétendre bénéficier de ce cumul intégral.

  1. Le cumul plafonné

Ce dispositif concerne tous les médecins retraités, ne répondant pas aux conditions fixées par le cumul intégral. Il leur est également possible de reprendre une activité libérale ou salariée. Les revenus générés par cette dernière ne doivent pas excéder 46368 € annuels, sous peine de voir la pension de retraite diminuée de l’excédent pendant une période de 6 mois.

Dans cette même logique, le médecin peut liquider ses retraites complémentaires et ASV dès l’âge de 62 ans, tout en continuant à exercer. Il s’agit du dispositif de la retraite « en temps choisi ». Il bénéficiera alors d’une majoration de 1.25 % par trimestre jusqu’à l’âge de 65 ans (et 0.75 % entre 65 et 70 ans). Cela peut permettre d’atteindre une majoration de 30 % pour une liquidation à l’âge de 70 ans.

Préparer sa retraite constitue donc une étape importante. Cela nécessite de prendre en compte de multiples critères et d’envisager les possibilités existantes pour augmenter ses revenus (retraite en temps choisi, cumul emploi-retraite) une fois la décision prise. Aussi important soit-il, ce départ en retraite du médecin généraliste s’anticipe bien en amont également, avec la possibilité de se constituer un patrimoine dès le début de sa carrière professionnelle.

Pour aller plus loin, consultez notre guide du médecin libéral et découvrez toutes les étapes clés pour optimiser votre retraite et votre gestion financière.

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