C.A.I.M : Tout savoir sur le contrat d’aide à l’installation des médecins

13 mars, 2025
Caim

Le C.A.I.M, un coup de pouce bienvenu pour s’installer en libéral

S’installer en libéral, c’est un peu comme se jeter dans le grand bain sans brassards : il faut de la préparation, un bon budget et une stratégie en béton armé. Heureusement, en France, l’Assurance Maladie propose plusieurs contrats d’aide à l’installation ou à la pratique des médecins pour encourager l’implantation en zones sous-dotées. CAIM, Coscom, Cotram et CSTM, ces dispositifs visent à renforcer l’accès aux soins dans les territoires où les praticiens se font rares (tout pour lutter contre la désertification médicale et les zones trop denses !), tout en offrant un sérieux coup de pouce financier aux jeunes installés.

Zoom aujourd’hui sur le C.A.I.M, le contrat d’aide à l’installation des médecins. Car avant de le signer aveuglément, mieux vaut en comprendre toutes les subtilités. Entre conditions d’adhésion, durée, modalités comptables et implications fiscales, voyons comment ce mécanisme peut vraiment booster votre activité libérale.

Comprendre le C.A.I.M : un contrat sous conditions

CAIM conditions adhésion

C.A.I.M : qui peut en bénéficier et dans quel secteur ?

Le CAIM s’adresse aux médecins libéraux qui s’installent en zones déficitaires, autrement appelées zones d’intervention prioritaire (ZIP) ou zones sous-dotées. Ces territoires sont identifiés par l’ARS et évoluent au fil du temps.

Pour être éligible, il faut :

  • être médecin généraliste ou spécialiste à la pratique conventionnée secteur 1 ou agréer à l’Option pratique tarifaire maîtrisée (OPTAM).

Le point dico : l’OPTAM, c’est un dispositif permettant aux médecins de secteur 2 de limiter leurs dépassements d’honoraires en échange d’avantages sociaux et donc d’offrir aux patients une meilleure prise en charge par l’Assurance Maladie. En gros, ça favorise l’accès aux soins tout en garantissant une certaine flexibilité tarifaire aux praticiens. Pratique !

Explication express : ça veut dire quoi, en groupe ? Si vous êtes accro au blog de Comptasanté (on vous remercie, déjà !), vous avez certainement déjà lu certains de nos articles sur l’installation à plusieurs pros de santé. Cela peut donc inclure différentes formes d’organisation, comme un cabinet de groupe (plusieurs médecins exerçant ensemble et partageant les locaux et parfois les frais), une maison de santé pluridisciplinaire (ou MSP, associant médecins, infirmiers, kinés, etc.), ou une société d’exercice libéral (SEL, SELARL…) L’exercice en groupe est une bonne option au début de votre carrière si vous avez peur de vous lancer tout seul : il favorise la mutualisation des ressources, une meilleure organisation des soins et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

  • exercer en France, dans une zone sous-dotée reconnue par l’ARS,
  • ne pas dépasser un plafond de remplacements dans l’hôpital ou d’autres structures.

Bon à savoir : le plafond de remplacements, c’est la limite du nombre de jours où un médecin peut exercer en tant que remplaçant tout en bénéficiant du C.A.I.M. Ça sert à s’assurer que les bénéficiaires installent réellement leur activité libérale dans une zone sous-dotée, au lieu d’utiliser l’aide tout en continuant à exercer majoritairement sous forme de remplacements. C’est l’Assurance Maladie qui le fixe, et attention : son dépassement peut entraîner la perte des avantages liés au contrat d’aide.

La vérification de votre éligibilité passe de toute façon par un échange avec l’ARS et la CPAM. Et oui, dès qu’il y a des subventions à la clé, tout est bien contrôlé ! L’ARS établit chaque année une cartographie des zones sous-dotées, mise à jour régulièrement selon des critères de densité médicale et d’accessibilité aux soins. Il est donc essentiel de consulter chaque année cette cartographie sur le site du Ministère de la Santé ou via les services de l’ARS.

Démarches et documents nécessaires pour obtenir le C.A.I.M

On n’obtient pas le CAIM comme ça ! Elle nécessite plusieurs étapes administratives. Les voici dans les grandes lignes :

  1. Vous informer : les sites de l’URSSAF et de la CPAM regorgent d’infos sur les aides nationales et territoriales pour les médecins libéraux sous forme de PDF téléchargeables ou de formulaires, y compris le CAIM. Donc commencez par ça : ça vous permettra d’avoir plein d’infos et de vérifier que vous êtes bien éligible. Rendez-vous sur le site Rézone pour plus de détails dans chaque région !
  2. Remplir un dossier de demande comprenant :
    • une attestation d’inscription à l’Ordre des Médecins ;
    • un justificatif de domiciliation professionnelle (bail, attestation du propriétaire…) ;
    • une déclaration sur l’honneur d’exercice libéral respectant les engagements du contrat ;
    • un relevé d’identité bancaire (RIB) pour le versement de l’aide.
  3. Signer le contrat avec la CPAM : après validation du dossier, la signature officielle déclenche le premier versement.
  4. Respecter le suivi administratif : des rapports d’activité peuvent être demandés par la CPAM pour s’assurer du respect des engagements.

Une fois signé, le CAIM vous engage pour cinq ans. En cas de non-respect des obligations, l’Assurance Maladie peut exiger le remboursement des sommes perçues (spoiler : aucune dérogation à cette règle !)

De quels montants parle-t-on ?

montant aide CAIM

Le CAIM, c’est une aide forfaitaire annuelle de 50 000 € si vous travaillez 4 jours par semaine. Vous recevrez ce montant en deux fois : 50 % à la signature du contrat et les 50 % restants un an plus tard, à la date anniversaire du contrat.

Vous travaillez moins que 4 jours par semaine ? Pas de problème ! Vous pouvez quand même bénéficier de l’aide, mais son montant diminue en fonction des jours travaillés par semaine :

  • 3 jours et demi = 43 750 € ;
  • 3 jours = 37 500 € ;
  • 2 jours et demi = 31 250 €.

Bon point : si vous travaillez dans une zone territoriale particulièrement déficitaire en médecins, l’aide forfaitaire est majorée (youpi !) Cela peut s’élever jusqu’à :

  • 4 jours = 60 000 € ;
  • 3 jours et demi = 52 500 € ;
  • 3 jours = 45 000 € ;
  • 2 jours et demi = 37 500 €.

Autre bon point : si vous pratiquez une partie de votre activité libérale au sein d’un hôpital de proximité, une majoration supplémentaire de 2500 € de l’aide s’applique ! Cette majoration est également versée en deux fois : 50 % à la signature et 50 % un an plus tard.

Quand on sait qu’aujourd’hui, le salaire moyen d’un jeune médecin généraliste exerçant en libéral en France depuis moins de 5 années est d’environ 4 297 €, on se dit que le CAIM est le bienvenu en début de carrière pour ne pas stresser à chaque fin de mois au sujet de sa trésorerie ! Un médecin qui en bénéficie est clairement plus tranquille, du moins la première année.

Aspects administratifs, comptables et fiscaux du C.A.I.M

Comment déclarer l’aide dans sa comptabilité ?

Le C.A.I.M étant une subvention, il doit être comptabilisé avec ses majorations (zone très déficitaire, exercice en hôpital de proximité) comme un “produit exceptionnel” (classe, non ?) Voici ce qu’il faut savoir :

  • L’aide est soumise à l’impôt sur le revenu, sauf pour un médecin exerçant dans le cadre d’une SELARL, où elle relèvera alors de l’impôt sur les sociétés ;
  • Elle doit être inscrite dans le bilan comptable ;
  • Elle n’est pas soumise à la TVA

💡 L’astuce express Comptasanté : l’aide du CAIM peut être lissée sur plusieurs années pour éviter un pic de fiscalité. Un bon expert-comptable peut optimiser cette gestion, n’hésitez pas à contacter ceux de Comptasanté !

Texte alternatif de l'image

Quelles implications fiscales pour le médecin ?

La fiscalité du C.A.I.M dépend du régime d’exercice du médecin :

  • En BNC (Bénéfices Non Commerciaux, le régime classique des libéraux) : l’aide est imposée comme un revenu professionnel et entre dans le calcul des cotisations sociales.
  • En SELARL soumise à l’IS : l’aide est taxée comme un produit exceptionnel, avec un taux réduit d’impôt sur les sociétés sous certaines conditions.

Côté charges sociales, ça donne quoi ?

  • L’URSSAF prélève donc des cotisations sur l’aide versée,
  • La CPAM et l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) ne prélèvent pas directement de cotisations, mais une éventuelle augmentation des honoraires perçus peut impacter le calcul des futures contributions.

Optimiser son installation avec le C.A.I.M

Articuler le C.A.I.M avec d’autres dispositifs d’aides

Le C.A.I.M n’est pas cumulable avec toutes les aides, mais il peut être associé à :

  • Le forfait structure pour l’informatisation du cabinet ;
  • L’exonération de Cotisation foncière des entreprises (CFE) pour les médecins exerçant en zones déficitaires ;
  • Les contrats locaux de santé négociés avec les ARS et les collectivités territoriales.

Donc attention aux pièges ! Un mauvais choix de contrat peut limiter votre majoration d’honoraires et votre accès à certaines dérogations fiscales. Un petit conseil : consulter nos experts-comptables, ils sont incollables sur la question.

Anticiper la fin du contrat pour éviter les mauvaises surprises

À l’issue des cinq ans ou en cas de déménagement dans des zones plus denses, plus d’aide ! Pour ne pas angoisser ou procrastiner, plusieurs stratégies sont possibles :

  • CAIM, Coscom, Cotram et CSTM : certains contrats d’aide n’étant pas cumulables, vous pouvez choisir d’adhérer à un autre contrat proposé par l’Assurance maladie ;
  • vous pouvez choisir de changer de zone, mais attention aux conditions de signature d0un nouveau CAIM ;
  • ou préparer une transition vers une structure plus grande (groupe, maison de santé…) afin de bénéficier d’autres subventions.

Quelle que soit la solution envisagée, une bonne anticipation vous permettra d’éviter une baisse brutale de votre trésorerie lorsque l’aide disparaîtra de vos revenus.

Le C.A.I.M, une opportunité à saisir… avec précaution !

Le C.A.I.M est une aide précieuse pour les médecins souhaitant s’installer en zones sous-dotées. Mais comme tout engagement, il nécessite une réflexion approfondie sur ses implications comptables et fiscales, et également sur l’après. Avant de le signer, mieux vaut s’entourer d’un bon expert-comptable spécialisé dans l’exercice des professions libérales de santé. Chez Comptasanté, nos conseillers peuvent vous aider à bien évaluer votre situation professionnelle afin d’optimiser votre adhésion à différents contrats d’aide.

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FAQ : Vos questions fréquentes sur le C.A.I.M

Puis-je cumuler le C.A.I.M avec d’autres aides à l’installation ?

Oui, mais… Le C.A.I.M peut être cumulé avec certaines aides comme le forfait structure ou des exonérations locales (exonération de CFE en zones déficitaires), mais il n’est pas compatible avec d’autres aides directes à l’installation de l’Assurance Maladie, comme le C.I.A (contrat incitatif d’accès aux soins). Avant de vous engager, il est recommandé de vérifier les conditions spécifiques auprès de votre CPAM et de votre ARS.

Que se passe-t-il si je décide de quitter la zone sous-dotée avant les 5 ans ?

Si vous quittez la zone avant la fin de votre engagement d’une durée de cinq ans, vous devrez rembourser tout ou partie de l’aide perçue. Le montant exact du remboursement dépend de la durée restante de votre engagement et des modalités précisées dans votre contrat. Dans certains cas exceptionnels (raisons médicales, contraintes familiales, etc.), des négociations avec la CPAM peuvent être envisagées.

Comment déclarer le C.A.I.M dans ma comptabilité ?

L’aide versée dans le cadre du C.A.I.M doit être enregistrée dans votre comptabilité. Elle est imposable et doit être déclarée en fonction de votre régime fiscal :

  • En BNC (Bénéfices Non Commerciaux) : elle est soumise à l’impôt sur le revenu et aux cotisations sociales.
  • En SELARL soumise à l’IS : elle est taxée comme un produit exceptionnel soumis à l’impôt sur les sociétés.

Il est conseillé de lisser cette aide sur plusieurs exercices fiscaux pour éviter un pic d’imposition.

Suis-je obligé d’exercer exclusivement en libéral pour bénéficier du C.A.I.M ?

Oui ! le C.A.I.M est réservé aux médecins libéraux installés en zones sous-dotées et qui respectent le plafond de remplacement en hôpital ou en clinique. Dépasser ce plafond pourrait entraîner la perte de l’aide ou son remboursement partiel. Il est donc essentiel de bien planifier votre activité et de vérifier auprès de votre CPAM les seuils précis applicables.

Le C.A.I.M est-il une bonne option pour un médecin en début de carrière ?

Cela dépend de votre projet professionnel. Le C.A.I.M représente un soutien financier non négligeable pour démarrer son activité et compenser les coûts d’installation. Cependant, il engage le médecin sur une durée de cinq ans, ce qui peut être contraignant si vous souhaitez rester flexible dans votre exercice. Avant de signer, assurez-vous que l’implantation en zone sous-dotée correspond à vos aspirations et que vous êtes prêt à respecter les conditions du contrat.

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